mercredi 10 février 2010

Powerless.


L'Impuissance.

L'un des pires sentiments, sans doute. Il m'insupporte au plus haut point.

Quoi de mieux qu'une bonne rasade de potion " Back to Reality " dans la figure, histoire qu'on oublie jamais que les bonnes fins se font rares de nos jours ?

Dans les films, un peu de bonne volonté et tout le monde réussit à sauver tout le monde, même au dernier moment, quand il n'y a plus d'espoir, ils y arrivent à une demi seconde près.

La réalité est toute autre.

Hier, dans les alentours de midi et demi, je suis allée du côté des gens en Droit, histoire de voir une ou deux têtes connues. C'est alors qu'il a plu des cordes et que j'ai du joyeusement accélérer le pas. Une fois à l'abri, je repère une camarade du lycée et je vais m'asseoir à ses côtés. C'est alors que derrière le banc où elle se trouve, une équipe de techniciens s'attèle tant bien que mal à ôter une plaque d'égout, sous la pluie cinglante.

Intriguée, je demande à mon amie si elle connaît la raison de cela. Elle m'apprend alors qu'un chaton a réussi on ne sait comment à se faire coincer en dessous.
Cette information me fait l'effet d'un coup de poignard, et je n'exagère pas les choses. 
Avec anxiété, j'ai suivi la progression des techniciens, qui non sans mal ont finalement réussi à ôter cette saloperie de plaque. L'un d'eux engage son bras et appelle le pauvre matou. Sans succès.
Le bruit qu'ils ont fait ont du lui faire peur et il s'est engagé plus loin dans le labyrinthe des canalisations.
Heureusement, la pluie s'arrête. J'ai appris plus tard qu'il avait été à deux doigts de se noyer... 
Et que ses cris stridents ont alerté des étudiants qui ont appelé du secours.

Devant leur incapacité à sauver le chat, et le potentiel danger que représentait une bouche d'égout ouverte pour un étudiant ahuri incapable de surveiller ses pieds, l'équipe de sauvetage de fortune formée par ces hommes a finalement refermé la bouche d'égout à moitié, histoire de pouvoir l'ouvrir facilement au cas où le chaton reviendrait.

Ayant deux heures de flottement, je les ai passés à proximité, histoire d'intervenir au cas où le chaton reviendrait. A la fin, un miaulement presque imperceptible a retenti, une seule fois.

Je me suis ruée vers le passage et j'ai réouvert la plaque.
Malgré mes appels désespérés, il ne s'est pas montré et n'a pas miaulé.

La mort dans l'âme, j'ai du me résoudre à retourner en cours. 
Néanmoins certaines étudiants sont venues s'enquérir du sauvetage du chaton, certainement celles qui ont appelé au secours. Il y a quand même quelques gens censés, miracle.

Lors de la pause, deux heures plus tard, j'ai cavalé directement vers ces égouts à la con, et là j'ai entendu très clairement les cris du chaton. J'ai renouvelé mes appels, encore et encore, l'un des monsieurs de la maintenance est venu également, parfois le chat semblait se rapprocher, l'instant d'après il s'éloignait.

Il aurait simplement fallu qu'il montre sa frimousse... une seule fois. 
Même si je me serais lattée dans la boue en dessous, je me serais ruée pour l'attraper et le dégager de là. Mais il devait d'abord se montrer, car les conduits étaient bien trop étroits pour qu'on puisse s'y engager, et bien trop basses pour pouvoir y faufiler un bras.

Il ne l'a pas fait... Il est resté en dessous.

Je suis retournée en cours, et quand je suis ressortie, j'ai encore jeté un oeil dans la bouche d'égout, mais toujours rien. Même pas un petit miaulement.

Pendant toute la fin de la journée, j'ai pensé à cette petite boule de poils abandonnée... La nuit aussi.

J'ai aussi pensé à cette pétasse qui tournait autour de moi avec son portable et n'a même pas daigné accorder un regard à cette connerie de bouche d'égouts, à se soucier de ce qui se passait.

Si à ce moment-là j'avais pu effectuer un changement, 
remplacer le chaton par cette dinde insensible...

Je n'aurais pas hésité un seul instant.

Oui je suis cruelle, oui, oui, OUI.

Merde.

Je hais la Fac.

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