mercredi 16 décembre 2009

Fear.

Ma chambre était plongée dans le noir complet. Il était partout, tout autour de moi, et fermer les yeux ou les ouvrir revenait au même. La faute aux volets clôts, qui me plongeaient chaque soir dans cette obscurité sans failles. Cette mesure de précaution s'avérait néanmoins nécessaire, de par la présence dans les alentours, de bandes de voleurs qui n'avaient pas peur de grimper. Notre maison était vieille, mais dans ces terres dévastées par la pauvreté, elle devenait objet de convoitise.

Je m'étais plus ou moins habituée à cette sensation d'oppression, d'étouffement due à l'absence d'air et à l'obscurité. Le plus dur était l'attente du marchand de sable, ensuite, peu importait le reste. Mais quelle attente...
Les yeux rivés vers la zone de noir qui devait être le plafond, j'écoutais ma propre respiration, ainsi que l'interminable tic-tac de l'horloge. Par moments, ce dernier devenait presque une berceuse, tandis qu'à d'autres, il m'obsédait et me rendait dingue.

Les rares fois où je toussais, la résonance de la chambre me mettait mal à l'aise. Comme si ce bruit était inopportun, qu'il y avait d'autres occupants à ne pas déranger. Mais il n'y avait pourtant personne d'autre à cet étage, seulement moi. Je me surpris néanmoins à non seulement me forcer à toussoter au creux de mes mains, mais aussi à bouger et me retourner avec délicatesse, par gestes mesurés, afin d'éviter de faire grincer les vieux ressorts du matelas. Je ne savais pas pourquoi je le faisais, mais cela me rassurait.

Pour oublier cette étrange manie qui me minait, je me focalisais à nouveau sur l'infatigable tic-tac.  Je l'attendais, inconsciemment ou non. Ce moment où le laps de temps entre un tic et un tac s'allongeait, progressivement mais rapidement, comme si le temps ralentissait.
Car c'était là que ça arrivait. Cet infime, presque imperceptible grincement du plancher, et l'horrible, l'infernale sensation de sentir la présence de quelque chose devant la porte. Elle était pourtant située à l'opposé de mon lit, tout au fond, et j'étais, comme pour le reste de la chambre, bien incapable de la discerner dans le noir.

Nerveusement, je me recroquevillais en fœtus, m'agrippant à mes épaules nues. Un débardeur s'imposait en ces temps de chaleur, mais à ce moment là, une espèce de froid malsain se diffusait dans la pièce, me glaçant jusqu'aux os. 

La Peur. Elle savait rabattre mes défenses en un unique souffle, titillant mon imagination, la libérant de ses chaînes pour la vouer à ma perte. Elle s'insinuait en moi, engourdissant chaque membre dont elle prenait possession, accélérant le battement de mon cœur, serrant ma gorge dans un étau glacial qui me faisait haleter et transpirer d'une sueur froide. Cette ombre qui au départ naît d'une goutte noire s'étend à une vitesse phénoménale, torrent qui faisait cavaler sur mon échine des frissons qui continuaient leur route le long de ma colonne vertébrale.

Il n'y avait pas de bruit de pas, plus de craquement du vieux parquet. Mais il y avait dans l'air une lourdeur quasi surnaturelle, et la certitude absolue de la présence de quelque chose qui n'était pas là quelques minutes auparavant.
Mon immense lit de princesse me paraissait à la fois trop grand et en même temps trop petit. Et je n'avais même pas de couverture pour m'offrir un semblant de protection. L'horloge s'était arrêtée, remarquais-je dans un instant de lucidité, où la panique qui me submergeait se rengorgeait.

Les ressorts de mon matelas couinèrent avec douceur. Mais je n'avais pas bougé d'un pouce. La lourdeur se confirmait, je pouvais deviner, par l'inclinaison du matelas, une sorte de creux, de ceux qui apparaissent quand quelqu'un s'assoit au bord d'un lit. Lentement, je rouvris les yeux que j'avais fermé, tout en retenant ma respiration et m'empêchant par toute ma volonté de regarder vers la droite, là où il y avait ce qu'il y avait. Car je savais que je ne pourrais de toute manière rien voir, que cette cécité m'horrifierait encore plus, d'autant plus qu'elle n'était sans doute pas réciproque.

Avec encore plus de lenteur, je m'allongeais sur le côté gauche, donnant le dos à ce qui avait fait le creux au bord du lit. Un grincement encore plus prononcé se fit alors entendre, accentuant le creux, comme si quelqu'un s'allongeait. Je pense qu'à ce moment là, j'étais à deux doigts de sombrer dans la folie. Ma nuque me brûlait atrocement, comme si des milliers d'yeux s'étaient fixés sur elle. Puis la sensation de chaleur disparut, remplacée par un souffle frais, un imperceptible soupir. 

Silencieusement, je hurlais de toute mon âme, tandis qu'en moi se battaient l'envie de frapper à l'aveuglette ce qui était juste derrière moi, et celle de me lever d'un bond et de me ruer vers la porte. Incapable de choisir, je restais donc immobile, le cœur aux bords des lèvres.
La porte était trop éloignée. Je me ferais rattraper. Et j'avais étrangement la certitude que ça avait fermé la porte, que je ne pourrais pas l'ouvrir. Ne restait comme issue que la fenêtre, et nous étions au 3ème étage. Seulement, elle était plus proche, plus facile à atteindre, car elle était ouverte, et seuls les volets l'obstruaient.

C'est alors que quelque chose de froid et d'indéfinissable se posa sur ma nuque, descendant sans hâte, parcourant mon dos en faisant fit de mon vêtement, et s'arrêtant au niveau des omoplates.

Mes yeux se révulsèrent et mon cœur sembla s'arrêter, tout comme l'horloge. Dans un hurlement bestial, je me jetais hors du lit, chutant et terminant sur les genoux, avant de me relever, me ruant vers la fenêtre, tâtonnant à leur recherche et ouvrant les volets avec fracas avant de découvrir avec horreur que l'obscurité extérieure était identique à celle qui régnait dans ma chambre. Impénétrable.

Mais l'urgence et la panique me donnèrent des ailes, et, la bouche ouverte sur un cri muet, je sautais dans l'abysse. En chute libre, ma voix revint alors et résonna depuis les profondeurs de mes entrailles, et je hurlais, hurlais, hurlais...

Avant de me réveiller, échevelée, transpirante et haletante. 
Fébrilement, je passais les mains sur mon lit, ne rencontrant rien, pas de creux, pas de corps.
Exténuée par cet horrible cauchemar, je me laissais retomber sur mon matelas, fermant les yeux avec soulagement et reprenant mon souffle.
L'horloge tique taquait presque joyeusement, achevant de me rassurer.
Avant de ralentir, peu à peu.
Non.
Pas encore.


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C'est bien la première fois que j'écris quelque chose dans ce registre, celui de la peur. Je ne sais pas si j'y suis arrivée, [ j'crois pas nan ] mais si jamais tu as eu un millième de frisson, mon cher lecteur, dis le moi, ça me fera bien plaisir \o/ [ et si tu peux le lire tard la nuit ça serait bien aussi, mais je me tais, c'est déjà un miracle si j'ai plus d'un lecteur/trice n_n ]

Mais plus sérieusement, si je pouvais avoir quelques avis, des critiques surtout, ça m'aiderait beaucoup car je pense renouveler l'expérience.
Au pire, si vous avez la flemme, demandez au mec qui lit par dessus votre épaule. Comment ça quel mec? Mais il est juste derrière !
Regardez là, à droite il est... ah ben il est parti. Il avait une tête bizarre n'empêche. Passons.

Comment ça même pas peur ? Comment pouvez vous être sûr qu'il n'y avait personne ? Si ça se trouve, il se montre quand vous êtes concentré, et disparaît dès que vous vous retournez... comme maintenant. Allez, soyez pas timides, je suis sûre que vous l'avez fait n_n [ sisisisi avoue ] Roh, quelle mauvaise foi >.>

La Peur. Ce sentiment est devenu l'une de mes préoccupation, ces derniers temps. J'ai regardé quelques films d'horreurs [ avec un Paranormal Activity dans le tas, un joli Epic Fail d'ailleurs ] et j'essayais de comprendre mes réactions, mes sursauts. Pourquoi la peur ? Comment la peur, et comment ne plus avoir peur. Ce qui est impossible, car au final restera toujours la peur de la peur.

Ce texte englobe à la fois quelques passages d'une histoire [ faits réels ] qu'on m'avait racontée, le décor principalement, les volets fermés, le noir complet, etc; une grosse part d'invention; et enfin, des passages qui me ressemblent sur certains points.

J'ai de la chance d'avoir de l'imagination. Il ne s'agit pas là d'une auto-congratulation, seulement je suis consciente d'avoir +/- des capacités d'imaginer plein de trucs, très cons pour la plupart, mais que voulez-vous ? ^^

J'aime rêver et piocher dans les nuages quelques idées, quelques bouts de rêves... qui peuvent également tourner au cauchemar.
Car dans le cas où l'imagination se réveille à certains moments, elle peut agir comme un facteur "péjoratif" [ dans le sens contraire à mélioratif  ]
Ainsi, un "petit bout de peur" peut prendre des proportions beaucoup plus importantes, une fois que l'imagination s'en mêle.

Cette ombre là, j'aurais juré la voir bouger, et sa forme me fait penser à une silhouette humaine... ce ne sont pas des yeux là ? Et ça bouge en plus ! Sauve qui peut.

Ça m'a joué pas mal de mauvais tours, étant petite. Je ne pense pas être la seule dans ce cas d'ailleurs, seulement j'avais le chic de vraiment trouver des détails à la con qui me faisaient psychoter deux fois plus. Bref.

Alors, je m'intéresse à comment contrôler et comprendre cette peur, comment la surmonter. Dans mon cas, la colère est une bonne échappatoire. Car elle annihile tout autre sentiment, elle prend le dessus et détruit la peur. La colère peut vraiment être une bonne chose, car elle passe outre la timidité, la gêne, elle s'impose et le reste s'incline.

Un exemple simple: j'entends du bruit sur le balcon -> je flippe -> je fais mon scénario de oof omg flippage inside etc -> je me rends compte que c'est un voleur -> il se dirige vers mon PC => Je sors mon nunchaku et je le one-shot sans autre forme de procès. CQFD.

Voilà, voilà, j'arrête ici, pardon pour le pavé v.2 juste en dessous du premier n_n

J'attends avec impatience vos critiques virulentes, et vos confessions sur vos peurs les plus profondes 0.0 [ Moi j'ai peur des mannequins dans les magasins et des faux cheveux. Sisi. C'est beurk x_x ]

2 commentaires:

  1. J'ai bien aimé :D
    Et je me suis fait avoir xD
    J'ai cru que cela t'était vraiment arrivée ^^"
    Bon euh parfois je suis une vraie cruche naive écervelée, mais sur ce coup là je crois que j'étais en mode normal xD

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  2. Ouais, j'ai eu peur !
    Et j'avoue, j'ai pas lu le texte jusqu'au bout, parce que j'aime dormir sans cauchemarder. Et j'aime ne pas sursauter au moindre bruit chez moi.
    Ta plume est devenue terriblement angoissante pour le coup :s

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