samedi 19 décembre 2009

Tribute to Rabindranath Tagore, one of the greatest Indian poets.

J'ai envie de tirer mon chapeau à cet Homme de Lettres honorable, et à sa plume dont la beauté ne peut définitivement pas être remise en question.


Mon grand-père maternel a rencontré Gandhi, c'est peut être bon signe pour moi qui veut changer le monde n.n

Contemporain du Mahatma Gandhi ( c'est d'ailleurs lui qui l'a surnommé ainsi. Mahatma signifie " Grande Âme " ) ainsi que d'autres grands savants renommés, comme Einstein, il n'est pourtant pas aussi connu qu'eux, ou du moins, on ne fait pas mention de ses œuvres dans le programme scolaire de Français.


N'empêche qu'ils avaient déjà des coupes assez spéciales à l'époque.


Disons qu'il a eu approximativement le même impact que Victor Hugo, mais en Inde. En toute logique, ses poèmes et tous ses autres textes ont été écrits en Indien, mais heureusement, ou malheureusement, ils ont été traduits en anglais, puis en français.


Pourquoi malheureusement ? Parce que toute traduction est trahison. Et pourtant, il me semble que c'est à peine si son talent d'écrivain y perd au change, il garde son poids et sa légèreté, sa douceur et sa beauté.


On retrouve dans ses poèmes des thèmes récurrents, comme le temps, l'amour, mais ce dernier sujet est modelé à la façon orientale, au romantisme reconnaissable.
En bon Indien qu'il est, il parle également de la mère, de l'enfant, de leur relation, car dans l'héritage Indien se trouve un respect des parents que j'ai rarement vu ailleurs.
Il utilise beaucoup des métaphores en rapport avec la nature, comme les fleurs, le ciel, la terre, le lyrisme qui en ressort en est presque envoûtant.



Maintenant, je me tais et c'est avec plaisir que je vous présente quelques pétales des fleurs de son magnifique jardin.


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Dungeon

He whom I enclose with my name is weeping in this dungeon.
I am ever busy building this wall all around; and as this wall goes up into
the sky day by day I lose sight of my true being in its dark shadow.

I take pride in this great wall, and I plaster it with dust and sand
lest a least hole should be left in this name;
and for all the care I take I lose sight of my true being. 




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Cet après-midi là me vient à l'esprit. La pluie tombante s'épuisait de temps en temps, puis une brusque rafale la ranimait à nouveau. Il faisait sombre dans la chambre et ce temps ne donnait pas envie de travailler. Je pris mon instrument et commençais à jouer un air en râga Mallâr - un chant de la saison des pluies. De la pièce d'à côté elle vint jusqu'à ma porte puis repartit. Peu après elle revint et resta devant la chambre. Enfin elle entra lentement et s'assit. Elle avait entre les mains un ouvrage de couture - la tête penchée, elle se mit à coudre. Ensuite elle s'arrêta, regardant par la fenêtre vers les arbres embrouillés. Il cessa de pleuvoir; mon chant se termina. Elle se leva et s'en alla se coiffer. C'est tout, rien que cela. Rien que cet unique après-midi là enchevêtré dans la pluie, le chant, le farniente et la pénombre. Cela ne fait pas une histoire contant le destin des rois et des empereurs, des récits de guerres et de conflits - il y en a tant et tant. Mais un simple petit fragment du conte d'un après-midi qui restera caché comme une précieuse perle dans l'écrin du temps. Deux êtres seulement en connaissent l'existence.

L'Esquif d'or (1919)




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De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement, tu joues avec moi. 
Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse. Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre. 

Le Jardinier d'amour, XXXV




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Closed Path

I thought that my voyage had come to its end
at the last limit of my power,
that the path before me was closed,
that provisions were exhausted
and the time come to take shelter in a silent obscurity.

But I find that thy will knows no end in me.
And when old words die out on the tongue,
new melodies break forth from the heart;
and where the old tracks are lost,
new country is revealed with its wonders. 



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Crois à l’amour, même s’il est une source de douleur.
Ne ferme pas ton coeur.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

Le cœur n’est fait que pour se donner avec une larme et une chanson, mon aimée.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

La joie est frêle comme une goutte de rosée, en souriant elle meurt.
Mais le chagrin est fort et tenace. Laisse un douloureux amour s’éveiller dans tes yeux.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

Le lotus préfère s’épanouir au soleil et mourir, plutôt que de vivre en bouton un éternel hiver. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. 


Le Jardinier d'amour

 


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Nous voyons partout le jeu de la vie et de la mort, cette transmutation de l'ancien en le nouveau. Le jour vient à nous chaque matin, tout blanc, tout nu, frais comme une fleur. Mais nous savons qu'il est vieux ; il est le Temps lui-même. C'est le même très ancien jour qui a reçu dans ses bras notre globe nouveau-né, l'a recouvert de son blanc manteau de lumière, et l'a lancé dans le grand pèlerinage au milieu des étoiles.
Ses pas pourtant ne sont point las, ni ses yeux fatigués. Il porte l'amulette d'or de l'éternité qui ne connaît pas la vieillesse, et dont le toucher efface toutes rides du front de la nature. Notre monde porte l'immortelle jeunesse au plus profond de son coeur.




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Enfin, quelques perles de rosée pour terminer en beauté.

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« Je ne veux pas prier d'être protégé des dangers, mais de pouvoir les affronter. »

« La rivière n’atteindrait jamais la mer si les berges ne la contraignaient. »

« En cueillant ses pétales, vous ne saisissez pas la beauté de la fleur. »


« Lorsque je jette mon regard tout autour, je rencontre les ruines d'une orgueilleuse civilisation qui s'écroulent et s'éparpillent en vastes amas de futilités. 
Pourtant je ne céderai pas au péché mortel de perdre confiance en l'homme: je fixerai plutôt mon regard vers le prologue d'un nouveau chapitre dans son histoire. »

  « Il en est des conseils comme des médicaments ; les plus amers sont les meilleurs. »

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 Quelques heures seulement avant sa mort, le 7 août 1941, Tagore dicta son dernier poème.

 

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 Épier l'enlacement soudain silencieux
  De la rivière, par l'ombre du flottant nuage,
  Tout cela grise ma vie par un profond tourment-de-joie
  Pour qui je lutte toujours 

espérant toujours 
l'exprimer ! 

2 commentaires:

  1. IL ME FAIT PLEURER... TANT DE BEAUTE EXPRIMEE

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  2. merci pour ces belles paroles, douceurs pour l'âme.

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