Je dépose mon crayon, défais mon chignon de fortune et attrape la brosse histoire de rattraper le coup.
Mes cheveux me font marrer, aussi indisciplinés que moi.
Toute petite, ils étaient bouclés, à tel point que les vieilles dames du voisinage demandaient à ma mère si elle me mettait les espèces de rouleaux. Genre.
Mais en grandissant ils sont devenus très lisses.
Maintenant, c'est un mélange des deux, ondulés dira-t-on.
Nouveau chignon, rapide coup d'œil, c'est okay, mesure cheveluresque anti-chaleur réussie.
Et puis mes yeux rencontrent leur reflet et, inconsciemment, je m'avance un peu plus.
J'enlève mes lunettes et me fixe d'un air critique. Hum, ça m'a l'air d'aller, la rougeur de mon oeil gauche semble avoir totalement disparu. C'est quelque peu chiant d'avoir des yeux aussi sensibles dès qu'il y a quelques effets dans un jeu vidéo, ou des actions rapides où la caméra bouge pas mal. Au moins, la pause que j'ai fait a arrangé la chose, et puis au final ça m'oblige à avoir des limites et à ne pas nolifer toute la journée, comme hier.
Et pourquoi tu me regardes comme ça didonc ? Sont pas joyeux tes noeils tu sais. Et tu devrais éviter de froncer les sourcils comme tu le fais, ça te donne un air pas très social.
* Haussement de sourcil *
Mon envie de socialiser transparaît donc dans mes mouvements.
* Froncement de sourcils *
Un moment, ma frimousse morose me paraîtrait presque potable. Impression qui s'évapore très rapidement après une superbe grimace qui pourrait faire la couverture des magazines glamour. Ça leur ferait les pieds tiens, des vraies grimaces façon sourire de psychopathe avec les yeux qui louchent.
Après un dernier regard hautain adressé à mon vilain reflet, je retourne sur mon fauteuil, et ramène mes jambes sur le siège, façon L dans Death Note.
Je pensais être la seule à le faire d'ailleurs, avant de le voir, c'est marrant. Devant moi flotte encore le reflet de mes pupilles.
Qu'est-ce-que j'y ai vu ? Elles, encore et toujours.
Elle se cache tout au fond mais elle est bien ancrée. Tristesse.
Elle fait semblant de partir mais revient hanter la forêt de mes yeux verts. Solitude.
Elle couve sous la cendre, étincelle parfois entre deux troncs d'arbres. Colère.
Je ferme les yeux. Pense. Imagine. Rêve.
- Ce monde là n'est pas fait pour les gens comme toi ! Ici les rêveurs finissent par danser au bout de la corde de la réalité, il n'y a de place que pour les menteurs, les sans-cœur.
Où est-ce-que je vais, comment vais-je y aller, et qu'est-ce-que je deviendrais une fois que j'y serais arrivée ? Je ne sais pas. Mes certitudes concernent juste ce que je ne veux pas faire.
Non jamais...
Je ne serais faite pour le mariage
Non, car l'Amour n'existe pas, n'existe plus.
Ni une vie bien sage
Les Temps changent et deviennent sombres.
Je le sais, cette vie n'est pas pour moi
J'aurais été tellement mieux en montagne, en nuage, en faucon, en chat.
J'ai compris
Même si je ne veux pas vraiment le faire
Que si je veux rester ce que je suis
Garder mes rêves d'utopies irréalisables
Mes parents seront meurtris
Ils ne veulent que mon bonheur, s'affligent de ma torpeur
Quel est donc ce mirage ?
"Quelqu'un de bien" m'avait-on dit une fois, je ne saurais jamais si c'est le cas
Cette image sans visage ?
Je ne vois plus rien...
Pourquoi, Miroir, réfléchis-tu sans me voir ?
Mon reflet est muet et ne me jette à la tête qu'une apparence désuète
Je cherche en ma mémoire
Foutu passé
Qui je suis, pour savoir
Je me perds et me retrouve, cache-cache interminable
Perdue dans ces réflexions
Cette affliction
Où mon âme s'égare...
Sans envie de retour
Dans mon miroir d'illusions
Des espoirs et désespoir
Quelle fille je vais voir ?
...
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