mercredi 23 décembre 2009

Story of Violence.


C'est terrible de penser qu'en sachant où frapper, on peut tuer. Je saurais le faire, j'ai appris comment le faire.
Mais le coût de cet apprentissage a été le respect sans condition de cette règle:

Ne jamais frapper le premier coup.

Ne jamais se servir de ce que j'ai appris pour de la violence gratuite, sans raison.
Je n'ai jamais frappé la première.

Mais j'en avais besoin, de ces techniques, de ces Arts Martiaux.
Faisant partie de ces gens de tempérament explosif, le karaté, le muy-thaï et le kung-fu sont des exutoires plus que nécessaires. Je n'ai pas encore eu une formation complète, seulement l'acquisition des bases de chacun de ses arts.

J'ai appris à reconnaître la précision mortelle et la rudesse du Karaté Shotokan,
La puissance du Kyokushinkai.
L'agilité et l'utilisation particulière des coups de genoux et des coudes du Muy-Thaï.
La rapidité et la fluidité du Kung-Fu.

Une sorte de Jeet-Kun-Do en vérité.
[ Le JKD n'est pas un Art Martial en soi, mais plutôt un concept, qui consiste à  " étudier plusieurs arts martiaux ou autres sports pour faire évoluer sa propre pratique. On absorbe ce qui nous est utile, on rejette ce qui ne l'est pas et on ajoute ce qui nous appartient." Bruce Lee ftw. ]

J'ai même un nunchaku, dont la maîtrise résume bien l'esprit, l'art martial.
Si tu ne te contrôles pas, tu te feras du mal, tout seul, sans l'aide de personne.

Le contrôle.
La maîtrise parfaite de son corps, le dosage parfait de la puissance des coups.
Sans contrôle, il n'y a rien.

La colère bride le contrôle. Les Arts Martiaux apprennent à renverser cette situation.
On apprend à contrôler sa colère, à l'utiliser, à la transformer en force.

Mais je suis encore bien loin du compte. A une certaine proportion, la colère ne peut pas être domptée, elle grandit, grandit... C'est une sorte de monstre.

Un monstre endormi dans mes entrailles. J'ai déja vu ce qui m'arrivait quand il était sur le point de se réveiller.
Je prie sincèrement pour qu'il ne le fasse jamais totalement, car dans ce cas, je serais capable du pire, et cela m'effraie moi-même. Se dire qu'il y a en soi quelque chose qu'on ne maîtrise pas, qui peut prendre le contrôle et faire mal.
Très mal.

Autant qu'à moi qu'à ceux qui m'entourent. Je sais par exemple que si l'on s'avisait de toucher un seul cheveu de ma mère, mon père, ou mes grand-parents, je tuerais. Oui, oui, je suis mince, légère, et pas vraiment musclée etc.
Je tuerais.

Dans un cas comme celui-là, la colère ne serait pas néfaste, car justifiée.
Mais il y en a tellement... Je ne sais plus quoi en faire. Je finirais par me noyer dedans.


Je me rappelle de cette période au collège. Il y avait ces gens qui m'avaient cernée, me tournaient autour, m'insultaient de tous les noms. En ce temps là, mon dictionnaire d'insultes n'était pas très rempli, et ce n'était pas un mal. Mais sur le coup, j'étais désarmée face à ce flot d'agressions verbales, et j'attendais désespérément que l'un des membres de la meute porte la main sur moi.

Une seule et unique fois.

Simplement pour me libérer de cette promesse, de ce serment passé avec moi-même.
Une seule fois, et ça aurait été un massacre..
Autant pour moi que pour eux, j'aurais pu m'en sortir avec un bras, une jambe cassée, et ça aurait pu aller très loin.
Trop certainement.

Car je me rappelle de mes mains, de ce tremblement incontrôlable qui s'était saisi de mes membres, partant de mes jambes, de mes bras, s'étendant jusqu'à ma tête, et faisant battre la chamade à mon cœur.

Ce n'était pas de la peur. C'était de la rage à l'état pur.
De la colère qui dansait avec la fureur, s'amplifiant mutuellement, entrainant dans leur ronde ma haine face à la leur, que j'estimais complètement injustifiée.

Et ils me tournaient autour, ces hyènes, qui ignoraient qu'un animal blessé ou enragé devient le plus dangereux de tous.
Je ne levais pas les yeux. Si je l'avais fait, j'aurais rencontré leur visage pétri par la haine et ça aurait pu tout déclencher.
Dégoupiller la grenade qui n'attendait que ça.

Je serais alors passée à un autre mode de vision. Ce mode où tes yeux localisent les points sur le corps de l'adversaire. Les points qui, s'ils sont touchés, peuvent entraîner des dommages irrévocables. Ce mode qui laisse la violence passer en auto-pilote.
Qui analyse la situation comme un plateau de jeu, d'échecs ou de dames.
Si elle ou lui avance de cette manière, m'attaque par ce côté, quelles sont mes possibilités ? Et ensuite ? Et après ?

Mais ils sont partis.
Me laissant cette sensation d'anéantissement, et cette envie impérieuse de tout faire partir, toute cette colère qui me prenait à la gorge.
Il n'y avait plus personne pour encaisser tout ça.

C'est ce genre de situation qui amène à s'exploser la main contre un mur.
Frapper, frapper, jusqu'à ce que le poing devienne rouge, s'anesthésie par la douleur et au pire qu'on finisse par se fouler quelques doigts.
C'est une mauvaise solution. Mais c'est la seule ébauche de résolution qui se présente à ce moment là.
Ça ou pleurer stupidement. Et j'ai jamais été fada des crises de larmes sur oreiller etc.
Je préfère la méthode draconienne, ou rentrer dans le tas, taper comme une malade et respirer ensuite.

Mais ça reste malgré tout. La colère, la haine,... la violence.
Ce n'est que le haut du volcan qui entre en éruption. Le reste de la lave bout, se brûle dans une étreinte de feu qui fait que peu importe le temps qui passe, elle reste perpétuellement active.

Je voudrais... que le vase se remplisse à ras bord, et qu'il explose, une ultime fois, pour détruire tout ce qu'il y a de mauvais en ce monde.

Si seulement c'était aussi facile.





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